Bon, je vais participer aussi alors, histoire de lancer le début des polémiques
Ce que je vais dire, vient principalement de plusieurs lectures universitaire de recherche et thèses sur le jeu vidéo, notamment le très très bon
Mythologie des jeux vidéo de Tony Fortin (Auteur), Laurent Tremel (Auteur) au édition le cavalier bleu, que je ne peux que vous conseiller, pour ceux qui ça intéresse.
Alors voilà en gros les premiers points d'analyses : (j'ai fait un plan pour se retrouver et pour ceux qui n'ont pas envie de tout lire, bien conscient du pavé que j'ai pondu ! )
HISTORIQUE
Jeu vidéo comme outil de propagandePour faire un rapide résumé, bien qu'apparu dans les années 50 et surtout dans sa forme moderne et actuelle dans les années 60 (la petite anecdote veut que le 1er type à avoir monté ce qui ressemblait à un jeu de "tennis" avec un oscilloscope était un pacifiste convaincu et alors qu'on ne cessait de lui demander de faire la démonstration de la puissance des premières machines de calcule, celui-ci s'est amusé à faire volontairement un jeu de "tennis" plutôt qu'un simulateur de baston, c'était un petit pied de nez, car visiblement celui-ci n'était pas dupe de l'utilisation qu'on espérait de ces machines, mais on était moins de 10 ans après la seconde guerre mondiale... Puis y'a un truc qui veut que les grands cerveaux se trouvent toujours avoir des sympathies pacifistes couplé à un cynisme et une défiance envers les pouvoirs ... Peut être parce que c'est ça l’intelligence ...mais bon, c'est un autre sujet
)
Le jeu-vidéo s’est surtout développé à partir des années 70 avec la démocratisation des premiers ordinateurs et la naissance des bornes d’arcades. C’est un médium récent qui s’est construit en corrélation avec les progrès informatiques, motivé principalement par l'attractivité financière du médium. Il est cependant instructif de faire l'historique du jeu vidéo, car contrairement à l’imagerie « bon enfant » et divertissante véhiculée par l’industrie des jeux vidéo, celui fut initialement conçu comme un outil politique. Le jeu vidéo de propagande n’est donc pas une réaction, mais est l’origine. Il suffit pour cela de voir que le jeu vidéo est né au sein du complexe militaro-industriel américain en pleine guerre froide. En 1962 est créé ce qui est considéré comme l'un des premier jeu vidéo moderne de l’histoire,
Spacewar. Or, celui servait à tester la puissance de calcules des ordinateurs américains et à parader en période de guerre froide et de course à la lune. Dans les années 80,
Battlezone, une simulation de tank vectorielle a été utilisée par l’armée américaine. Dans les années 90, c’est directement le Pentagone qui va investir massivement dans l’industrie du jeu vidéo afin de concevoir des simulateurs militaires pour l'entrainement (qui seront repris et adaptés pour le commerce par la suite). On peut citer
Harpoon (1989),
Ranbow Six (1998),
Spearhead (1998),
Socom US Navy Seals (2004), comme étant des œuvres issues de cette collaboration.
Jeu vidéo un médium occidental ?Lorsque je dis que le jeu vidéo est un médium occidental (j'sais pas si je l'avais déjà dit d'ailleurs, alors je le dis LA) j'entends par là, la définition
géopolitique (et pas géographique) , en somme on peut considérer que le Japon, l'Europe et les États-Unis ont une base de valeurs idéologiques capitalistes communes. C'est pas de moi cette définition, j'y peux rien ! Mais je crois qu'on peut admettre qu'il y a plus de points communs au niveau des valeurs économiques entre le Japon et les États-Unis, qu'avec l'Iran ou l'Arabie Saoudite (Je ne parle pas, évidemment des
valeurs culturelles !!!!)
Fatalement , le jeu vidéo a adopté les valeurs capitalistes occidentales et du coup, pour rebondir sur l'idéologie dominante et les stéréotypes, je dirais que l’imagerie dominante du jeu vidéo se diffuse au travers d’avatars renvoyant à une masculinité militarisée ou bien à une féminisation sexualisée et réactionnaire, ainsi qu’au travers d’un gameplay dirigiste et idéologique mettant en avant la compétition, la capitalisation de biens, la colonisation et l’hégémonie ethnocentrique.
Du coup
Kitai, selon moi il n'y a pas de distinction à faire entre le narratif et le gameplay, car le Gameplay véhicule tout aussi bien des habitudes et des mécanismes idéologiques (qu'on finit par intérioriser et à ne plus voir d'ailleurs) que la narration (qui là par contre est quelques fois grossière et totalement caricaturale ... Pas besoin de citer Call of comme œuvre de propagande américaine ou bien GTA comme faisant la part belle à un libéralisme sauvage sous un vernis fin de fausse subversion qui ne trompe personne lorsqu'on joue )
Gameplay non neutrePour ce qui est du Gameplay idéologiques , j'ai dégagé plusieurs tendances :
L'Epargne et la capitalisation ( le scoring, les vies, les objets, l'argent dans les jeux...) La compétition (Les jeux de sport par exemple qui n'offrent comme seule alternative d'être le meilleur, de dominer, gagner, etc. ) l'Xp (la mise en forme d'une certaine méritocratie, l'évolution linéaire d'une perso de nul à trop fort comme une accumulation d'expérience qui permet à notre perso de s'imposer toujours plus dans son environnement. L'évolution croissance des équipement aussi, des capacités, des dons ...etc )
Ces gameplay qui nous apparaissent comme "neutre" tant ils sont présents majoritairement depuis le début du jeu, sont en réalité des valeurs totalement occidentales et qui répondent à l'idéologie capitaliste.
Narration idéologiquePour ce qui est des narrations, on remarque que c'est parfois très subtile mais la logique (en prenant du recul et en analysant ça avec le mauvais esprit des chercheurs pour qui rien n'est neutre) , il y a aussi du matraquage. L'aspect du sexisme dans les jeux est un débat qui me passionne car il a le mérite de mettre en lumière quelque chose qui est partout dans notre société. Le stéréotype et la domination masculine.
Effectivement dans les jeux, le standards dominant c'est le gars costaud héros militarisé qui casse des gueules et qui tank, et l’héroïne sexy, voire parfois vulgaire, secondaire, qui est là pour être une sorte de groupie du héros ou bien une ados débiles, mais qui reste TRÈS sexualisé. Le personnage féminin dévoué à montrer ses charmes et qui a souvent une classe lié au soin (quand le héros mâle beau et jeune est là pour taper). A noter que si le perso féminin n'est pas sexy mais vieille par exemple, alors elle sera une sorte de maman protectrice ou une femme qu'il faut aider.
Il y a aussi un aspect qui m’intéresse, c'est l'ethnocentrisme. Nombreux sont les jeux de gestions qui nous demandent de reproduire des mécanismes de colonisation. Sans parler des titres "historiques" qui font une lecture occidentale de l'évolution des sociétés (au début y'a les sauvages avec des cailloux et à la fin ...on gagne car on arrive à lancer une fusée sur la lune !)
L'ethnocentrisme c'est aussi la présentation parfois "exotiques" pour pas dire caricaturales des peuplades non-occidentales ou bien les mécanismes manichéens de l'occident qui apporte la lumière face aux barbares qui ne représente que des factions ennemis.
C'est curieux de retrouver dans nombreux jeux la mise en place du héros (Élu d'une prophétie, ancien fils de roi, ou Anti-héros là malgré lui, selon les titres) qui "doit" sauver le monde, c'est à dire, exterminer environ tout le long du jeu tout ce qui lui sera présenté par le jeu comme étant des "ennemis" mauvais par essence, donc exterminable. (Sans parler des titres où tu peux tuer QUI tu veux sans aucune conséquence dans la trame principale du jeu et qui va forcément te donner raison)
"Le héros" qui sauve le monde en exterminant tous les "autres ..." pour un hypothétique meilleur futur, c'est aussi une construction qu'il faut questionner.
En gros, le héros a raison car il est plus "fort" que les autres, il peut donc imposer sa vision du monde à coup de génocide plus ou moins valorisé ou imposé par le gameplay . C'est une forme de néo-totalitarisme assez présent dans les titres et qui a tendance à être intériorisé et à devenir invisible. On peut se dire aussi qu'éliminer les ennemis c'est une logique défensive, car si ceux-ci nous touchent on perd de la vie. Or, si on regarde bien, c'est NOUS qui intervenons dans LEUR monde. La logique est donc inverse, c'est nous l'agresseur et le jeu nous donne raison car, les ennemis ne sont pas présentés (quand notre personnage est introduit par un scénario dans le meilleur des cas) et puis, puisqu’à la fin, on a exterminé tout le monde, Boss compris, on peut alors appliquer la lecture du monde qui nous arrange. Comme on dit, ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire.
Polémique !
Mario un jeu colonialistePour faire un peu polémique, je vais reprendre un exemple qui est donné dans le livre que j'ai cité au début.
Prenons l'exemple de Super Mario.
Nous sommes un colon, qui débarque dans un monde qui n'est pas le nôtre mais qui semble avoir sa logique et son harmonie. Or, jamais cette logique sera expliquée, et on s’en fout, il nous faut juste avancer, exterminer les créatures que l'on croise et la petite Map-Monde témoignera de notre colonisation avancée des lands. La prise de château comme des points de repères. Au passage, tu voles aussi toutes les pièces d'or
Le scénario nous présente quand même un méchant, Bowser, mais encore une fois le fait qu'il soit méchant est une interprétation qui vient du fait qu'il a capturé notre meuf (en soi c'est mal) . Donc, on veut la récupérer, mais qu'est-ce qui nous autorise à exterminer tout le monde sur notre passage et à planter notre drapeau à la fin de chaque monde ? Qu'est-ce qui nous prouve que Bowser est un tyran, son peuple semble vivre dans une certaine harmonie, il ne présente pas de signe de soumission... et d'ailleurs, au final, on s'en cogne vu que ça n'est pas EUX que l'on vient libérer, c'est juste nous qui voulons retrouver notre Copine.
Les auteurs du livres font une lecture de Mario en faisant une analogie avec notre histoire coloniale. La princesse devenant un prétexte à une colonisation et à une extermination de la faune autochtone. Parfois même, on nous demande prendre le parti d'un Monarque déchu (le roi champignon) , mais avons nous vraiment sollicité l'avis des créatures habitantes ou bien, le choix de défendre la cause de ce monarque n'est pas juste le prétexte qui pourra appuyer la propagande de colonisation ?
Hihihi
Je lance des pistes des lectures un peu partout sous forme de question , auxquelles je ne réponds pas volontairement pour laisser vivre le débat.