Avec Huit Femmes, Robert Thomas mettait en scène des personnages pour le moins atypiques. Pierrec, lui, a choisi de mettre en avant cinq femmes au contraire ordinaires, peut-être tout simplement cinq de vos amies.
Comme il le dit lui-même sur son blog, après avoir été absent des deux dernières sessions, Pierrec revient à la charge pour cette nouvelle Ludum Dare sur le thème "une arme non conventionnelle". Exit donc bazookas, M16, masses et autres canes magiques. Ça tombe bien, ces armes sont tellement discrètes dans la ludographie de Pierrec que je ne me souviens pas avoir eu l'occasion d'en utiliser dans un seul de ses jeux. En fait, le défi pour lui était peut-être davantage d'en trouver une, d'arme, qui s'accorderait à son style très narratif. Le thème du combat avait déjà été abordé dans
Split Fighters, mais c'était principalement pour filer la métaphore sur les relations qu'on entretient. Les véritables armes dans
Split Fighter, plus que nos poings et nos pieds, c'étaient nos choix.
Et quand on y réfléchit, c'est peut-être ça l'essence du jeu vidéo : avoir le choix. Pierrec est un très bon conteur d'histoires, et une de ses forces c'est d'avoir compris que le jeu vidéo est affaire de choix. Il nous donne l'impression que les histoires qu'il nous raconte, c'est un peu nous qui les écrivons. Pourquoi Pierrec a-t-il choisi de raconter l'histoire de ces cinq femmes-ci en particulier ? Eh bien, peut-être est-ce tout simplement un choix arbitraire. On dit qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Et pourtant, c'est bien le seul critère dont on disposera au début de
One of them pour faire notre premier choix. Arbitraire.
Au fond, peu importe que Pierrec ait dessiné ces cinq femmes-ci en particulier, car c'est nous qui choisirons d'attribuer tel ou tel petit détail à telle ou telle femme. Un peu comme avec
Tiny Soccer Manager Stories, on développe une affection toute particulière pour chacune de ces femmes qu'on regarde grandir, tout en se demandant quelle légitimité on a pour déterminer tel ou tel aspect de leurs vies.
Notre arme dans ce jeu, c'est le pinceau que Pierrec nous tend. En quelques minutes, en quelques coups de pinceau, on dessine le tableau de cinq femmes contemporaines. Et au moment de donner le dernier coup, on est devenu ces femmes, à tel point qu'on est véritablement frappé par la justesse du propos.
Et si AGS, et si les outils du développeur de jeu vidéo étaient des armes non conventionnelles, capables de nous toucher au plus près ?
Après avoir joué à
One of them, et après seulement, je vous conseille de lire la note d'intention que Pierrec a publiée
ici. Mais bien sûr, je ne peux pas vous empêcher de la lire avant de jouer, tout comme personne ne peut vous empêcher d'arrêter de jouer à un jeu avant la fin. Tout est affaire de choix.