Indiepocalypse ? ("Je vous prédis la fin du monde")

L'indiepocalypse est à la mode.

Même Le Monde en parle :
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/09/04/la-crise-du-jeu-video-de-1983-va-t-elle-se-reproduire-avec-un-indiepocalypse-de-2016_4745640_4408996.html

Des avis contraires pourtant s'élèvent :
http://gamasutra.com/blogs/RyanClark/20150908/253087/The_5_Myths_of_the_Indiepocalypse.php

Risques réels ? Hurlage de Paco Rabanne avec les loups ?
Peut-être faut-il simplement raison garder tout en restant conscient de l'état et de l'évolution du marché ?

Plus généralement, depuis toujours, on aime prédire l'apocalypse, on y joue même, et je ne suis pas le dernier.
Parfois, je me dis que cette passion pour l'apocalypse indique soit la fin d'un cycle, soit l'espoir d'une fin de ce cycle...

Notez, je ne pose pas réellement ces questions.
Ce topic est plus d'ordre informatif.
Sentez-vous néanmoins libres d'intervenir.

Pour ceux qui se pose la question : "Même pas peur !"

L'article du Monde surfe vraiment sur le vide, en se contentant de comparer de manière bancale la situation actuelle avec un seul exemple, le crash de 1983... Et finit par reconnaître que pour l'heure, tout semble aller pour le mieux.

Arriver à retourner une situation "florissante" pour le jeu indé (en tout cas en terme d'économie générale, je ne parle pas des difficultés liées à la concurrence, mais après tout il y a 15 ans, s'il n'y avait pas de concurrence à ce niveau c'est que les indés au sens actuel pouvaient difficilement exister) en une situation pseudo-apocalyptique, ça sent un peu la démagogie pour faire du clic, non ?

valoulef a écrit:

ça sent un peu la démagogie pour faire du clic, non ?

Malheureusement, j'ai l'impression que l'information se résume de plus en plus souvent à cela...

Attention, le "de plus en plus souvent" va dans le même sens

valoulef a écrit:

Attention, le "de plus en plus souvent" va dans le même sens

Tu veux dire que je hurle avec les loups ?
J'y ai pensé et j'ai failli developper, mais je n'ai pas voulu rentrer dans un autre débat.
Pourtant, il y aurait à dire sur les médias dits de masse et la qualité du travail des ses journalistes.
On y revient toujours : tout est une question d'éthique...

Jeff Vogel, dont j'aime bien les jeux, écrit pas mal sur le sujet sur son blog (en anglais).

Je rejoins tout ce qui a déjà été dit

Parler de krach ne se résume pas à "comparer sommairement" deux situations à x années d'intervalles. C'est nettement plus complexe que ça ! Et c'est loin d'être une science exacte pour ce qui est de la prédiction de telle phénomène économique. Pour exemple, ça fait 10 ans qu'on dit tous les ans que la Premier Ligue Anglais de football va connaitre un tel krach... résultat : rien encore cette année, et une nouvelle envolée des recettes publicitaires à 2,3 milliards €

Le problème de l'article du Monde, c'est qu'il mélange pas mal de choses.

D'un côté, il y a un constat, réel et avéré, d'une production indé qui frise par moment la surproduction, avec pour beaucoup de jeux une énorme difficulté à trouver son public, voire une simple visibilité sur Steam.

Et de l'autre, une comparaison entre 1983 et nos jours qui n'est ni plus ni moins qu'une belle "Bullshitery".

D'un autre côté il y a aussi une surproduction sur Youtube, avec des vidéastes qui font des millions de vues, et d'autres qui ne trouvent pas leur public... Va-t-on pour autant parler de "Youtubapocalypse" ? En fait ça me paraît un peu paradoxal... Certes certains ne trouvent pas leur public, mais avant c'était encore plus compliqué... donc il y avait moins de production. Je pense que si on faisait le constat inverse (qui a d'ailleurs été fait maintes fois, c'est moins original) avec d'autres arguments, en prônant l'apogée du jeu indépendant, ça marcherait tout autant...

valoulef a écrit:

D'un autre côté il y a aussi une surproduction sur Youtube, avec des vidéastes qui font des millions de vues, et d'autres qui ne trouvent pas leur public...

L'analogie que tu fais avec Youtube est intéressante. Les youtubers, c'est aujourd'hui :
- d'un côté, une poignée de professionnels qui pour la quasi-totalité ont commencé à produire leurs vidéos il y a de cela pas mal d'années ;
- de l'autre, une énorme quantité de youtubers qui traversent le désert, pour certains depuis quelques temps déjà. Certains que je connais, qui ont pourtant un bon concept et une bonne réalisation, ont réussi à atteindre quelques milliers de vues par vidéos, et je trouve que c'est déjà pas mal. Mais ça ne décolle pas, vidéo après vidéo, ça stagne. Essentiellement parce qu'ils se sont lancés juste deux ou trois ans trop tard.

valoulef a écrit:

Certes certains ne trouvent pas leur public, mais avant c'était encore plus compliqué... donc il y avait moins de production. Je pense que si on faisait le constat inverse (qui a d'ailleurs été fait maintes fois, c'est moins original) avec d'autres arguments, en prônant l'apogée du jeu indépendant, ça marcherait tout autant...

C'est en effet un peu le paradoxe : avec la dématérialisation des jeux, il n'a jamais été aussi facile pour un développeur indé de commercialiser son jeu. Pour autant, la résultante est une production énorme qui rend la visibilité de son jeu extrêmement aléatoire. Je ne sais pas si tu as lu le retour d'expérience du créateur de The Next Penelope, j'ai trouvé très instructif. Comme il dit : "[...] 4200 ventes [...] Ça vous parait peu pour un 9/10 Destructoid, un 18/20 JeuxVideo.com, un 93% de reviews positives sur Steam, et des Let’s Play à plus de 100.000 vues sur Youtube ? Bienvenue sur la scène indé PC de 2015."
J'avoue que ça calme un peu, même si lui-même relativise en précisant que son jeu est un jeu de niche. Quand même.

De là en effet à sombrer dans le catastrophisme comme le fait  l'article du Monde, lui même simple reprise d'articles anglo-saxons, non, c'est absurde, bien sûr.

Un autre lien intéressant sur le sujet :
https://medium.com/steam-spy/on-indiepocalypse-what-is-really-killing-indie-games-3da3c3a1ea76

Pour résumer : l'auteur insiste sur la différence entre amateur et indie.
L'amateur (ce n'est pas un jugement de qualité*) ne compte pas sur le JV pour vivre (il travaille à côté).
L'indie doit considérer le gamedev comme un travail à temps plein (un "business" incluant plein de tâches autres que la création en elle même) s'il veut réussir à en vivre.

*(Note, l'amateur peut sortir de très bons jeux, mais s'il ne fait pas le boulot de com', de réseautage, etc., il aura peu de chance de sortir du lot vue la profusion de jeux.)

Atavismus a écrit:

L'amateur (ce n'est pas un jugement de qualité*) ne compte pas sur le JV pour vivre (il travaille à côté).

Juste pour faire mon pinailleur, le fait de travailler à côté est totalement indépendant de la définition de l'amateur, par exemple un chômeur peut très bien développer un jeu en amateur !

LES MOUCHES

A Jean-Paul Sartre [et Val]

Des hommes se promènent dans la rue.

Certains ont l’œil éteint comme une chaussette sale

Une morve récurrente leur obstrue les cornets du nez.

D’autres, brillants, le regard vif

Tournent leur canne en s’en allant.

Tous sont des enculeurs de mouches

Mais il y a deux façons d’enculer les mouches :

Avec ou sans leur consentement.

Boris Vian

Vendez votre jeux indépendant 15$ ou 20$ nous dit Oncle Jeff.