Bonjour!
Il y a quelques temps, je me suis comme passionné pour l'écriture, et je voulais vous partager une courte nouvelle que j'ai écrite, et dont je suis très fier... ne vous gênez pas pour la critiquer!
Vous allez voir, c'est quand même assez sombre comme histoire...
Fini
Un petit rien fait le bonheur d’un grand tout.
C’est ce que ma mère m’a toujours répété. Mais elle avait tort. Et je le sais très bien.
Moi, je suis sur le Bien-être social. Ouais, je suis un maudit BS.
Quand j’étais jeune, BS, pour moi, ça voulait dire… trou de cul, paresseux, incompétent… Sauf qu’à présent, je comprends tout le sens que comprennent ces deux seules lettres. Elles veulent dire… douleur, solitude, toujours peur de manquer d’argent, même avec ces maigres chèques que le gouvernement sied à m’offrir…Oui, bon, j’aurais pu éviter cela, mais… je n’ai plus le choix, maintenant. Ma réputation de maudit BS m’empêche de trouver un bon travail.
Un petit rien fait le bonheur d’un grand tout…
Maudite bullshit! Je n’ai rien, moi. Suis-je heureux? Non merci! J’emmerde cette phrase. C’est elle que j’ai suivi toute ma vie. Elle a été la phrase qui berçait mes rêves, chassait mes cauchemars… Elle m’a permis de me trouver un emploi, et maintenant, elle m’agace parce que je l’ai perdu. J’ai tout perdu, moi. Je ne suis plus rien.
Au moins, ma femme ne m’a pas quitté. Je n’ai jamais eu de femme.
Ce fut ma dernière touche d’humour.
Maman, tu m’as toujours dit qu’un petit rien faisait le bonheur d’un grand tout, eh bien maintenant, saches qu’un grand tout fait le malheur d’un petit rien. Je suis ce petit rien.
Je vous aime tous,
Pierre.
Pierre posa son stylo et relut sa lettre une dernière fois. Ensuite, il la déposa sur la table de chevet. Une larme tomba sur la feuille, et quelques lettres s’estompèrent. Aucune importance, maintenant. Il était trop tard.
L’homme avait perdu son emploi deux ans plus tôt. Au début, il avait bien réagi.
«On peut dire que ce sont de très longues vacances!», répétait-il toujours à ses amis avec un air qui se voulait joyeux.
Amis qui, d’ailleurs, étaient partis de sa vie depuis longtemps. Après quelques mois sur le chômage, Pierre avait perdu la confiance de ses amis. Et de sa famille. Et maintenant, il avait tant tardé qu’il était officiellement un B.S.
C’est pourquoi, cette dernière année, Pierre avait cherché un emploi. Il avait épluché tous les magazines, journaux, il était allé sur Internet… mais rien ne lui convenait.
Deux mois plus tôt, il avait trouvé la perle rare! Un poste de comptable dans un restaurant. Pierre avait sauté sur l’occasion. Il avait envoyé son CV au restaurant Au bon chez-soi.
Malheureusement, ceux-ci n’ont jamais répondu. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase mental de Pierre. Il sombra dans une intense déprime. Bien des fois il tomba si bas qu’il pensa au suicide, mais heureusement, il croisa un psychologue réputé, Simon, qui l’aida à tenir encore un peu. À chaque lundi soir, à 6 :00, celui-ci appelait Pierre et prenait des nouvelles de lui.
Tout allait de mieux en mieux, jusqu’à un incident relativement anodin, mais qui prit des dimensions extrêmement importantes dans la tête de Pierre.
Son chien mourut. Eh, oui! C’est bête, mais ce décès replongea Pierre dans sa dépression.
Ce soir-là, Pierre pensa à l’impensable. Il envisagea de se suicider. Pourquoi? Parce que sa vie allait nulle part? Parce qu’il était en dépression? Parce qu’il en avait assez d’exister? Non. Pierre cherchait uniquement de l’attention. Son seul ami était Simon, un psychologue. Un psychologue!
Mais un seul bémol persistait dans la tête de Pierre. Il était convaincu de vouloir se suicider, mais qui découvrirait son corps? Qui se soucierait de voir si Pierre était toujours vivant? Bien entendu, Simon!
C’est pourquoi Pierre prévit de se suicider le lundi suivant, vers 6 :00, le moment où le psychologue l’appelait.
Maintenant, il était 5 :58. Le moment tant attendu.
Pierre prit un grand sac d’épicerie. Il le regarda longuement. Il ne se serait jamais douté que sa vie finirait dans un Maxi! Il se mit le sac sur la tête et le noua avec un élastique. Plus qu’à attendre que le gaz carbonique remplace l’oxygène et qu’il ne puisse plus respirer.
L’attente fut plus longue que Pierre le croyait. Bien des fois, il faillit enlever le sac et jeter la lettre. Mais il se ravisa. Il devait mourir. Sinon, que faire?
Pierre commença à être étourdi. Il tomba sur le sol. Ses yeux commencèrent à se fermer. Tout tournait… Il suffoqua. Il cherchait de l’air, mais n’en trouvait pas! Il n’avait même plus la force d’enlever le sac.
Le téléphone sonna soudain. Simon.
Qu’est-ce que je fais? Je réponds ou je ne réponds pas?
Dring!
Si je réponds, je pourrais parler et me sortir de ce mauvais choix!
Dring!
Non! Je ne réponds pas! Il est trop tard et je DOIS mourir! La vie est ainsi faite, tout le monde meurt un jour! Pourquoi pas maintenant?
Dring!
Pierre s’interdisait ainsi de répondre. La boîte vocale enchaîna.
Pierre reconnut sa voix joviale qui datait de jours meilleurs.
«Bonjour! Eh, oui! Vous êtes bien chez Pierre Martel, l’homme le plus seul au monde! Ha, ha, ha! Laissez moi un message après le signal et je vous rappelle!»
Pierre commença à mourir lentement. Il ne pouvait plus bouger. Le léger «BIP!» annonçant le début du message se fit entendre dans la pièce. Pierre se raccrocha à ce signal comme à sa vie, mais en vain… Ses yeux se fermaient lentement… La dernière chose qu’il entendit fut le message sur son répondeur.
«Oui, monsieur Pierre Martel, ici Brad, le propriétaire de Au bon chez soi. J’accepte de vous faire passer une entrevue. Rappelez-moi et nous discuterons de votre horaire!»
Maudissant tous les démons ayant causé cette mésaventure, Pierre s’éteignit lentement, mais sûrement.
Un petit rien fait le bonheur d’un grand tout!
Un grand tout fait le malheur d’un petit rien!