|
| Qui sont vraiment les "indépendants" ? | |
| | Auteur | Message |
---|
valoulef Délégué de la tasse bleue
Nombre de messages : 1791
Age : 35
Localisation : Condate
Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Qui sont vraiment les "indépendants" ? Sam 1 Mar 2014 - 15:38 | |
| Je vous propose une petite discussion-réaction avec pour point de départ ce reportage de Jeuxvideo.com : Lien de la vidéo(EDIT : Bizarrement l'HTML ne semble fonctionner qu'en prévisualisation. Je vous met quand même le lecteur en spoiler au cas où ça marcherait mieux chez vous.) - Vidéo:
<div style="width:540px;background:#E0E0E0;"><iframe frameborder="0" src="http://www.jeuxvideo.com/reportages-videos-jeux/0011/00119054/iframe.htm" style="width:540px;height:330px;border:0;margin:0;overflow:hidden;" allowfullscreen="true"></iframe><p style="margin:0;padding:0 5px 5px 5px;font-size:11px;font-family: Tahoma, Arial, sans-serif;"><a href="http://www.jeuxvideo.com/reportages-videos-jeux/0000/00000000/les-developpeurs-de-jeux-independants-face-au-manque-de-visibilite-00119054.htm" target="_blank" style="color:#333333;text-decoration:none;"><strong>Les développeurs de jeux indépendants face au manque de visibilité</strong></a><a href="http://www.jeuxvideo.com/" target="_blank" style="color:#333333;text-decoration:none;"> - jeuxvideo.com</a></p></div>
Je ne vais pas en dire grand chose pour le moment, car mon but est de me confronter à votre vision du sujet, si ça vous intéresse. Quelques remarques cependant. Je ne vais pas épiloguer sur la forme, qui a clairement pour priorité la concision et le dynamisme, plus que le traitement approfondi de la question. Tirer quelques bout de phrases de différentes personnes et faire une grande sauce avec tout ça pose évidemment problème. Mais c'est surtout le fond qui me fait tiquer. Que les développeurs veulent que leur jeu trouve son public, et qu'ils puissent en vivre, je comprends aisément. Mais là on est devant un mélange de stratégies marketing bien huilées, avec la rentabilité pour seul mot d'ordre... Bon je ne suis pas naïf, je sais que le jeu-vidéo est avant tout une industrie, et les professionnels indépendants en font également partie. Mais qu'appelle-t-on "les indépendants", et surtout, qu'attendons-nous d'eux ? N'est-ce pas de proposer une vraie alternative aux gros studios, non seulement de contenu, mais aussi de démarche ? Ne risquent-ils pas de tomber dans les mêmes travers ? Ce qui m'a le plus fait réagir, c'est le passage sur les Youtubers (3min40). On a beaucoup parlé des DiaboloX9 ou autres Youtubers qui étaient devenu ni plus ni moins que les communicants officieux des gros studios par conflits d'intérêts (invitations, cadeaux divers et j'en passe). Méthode marketing très efficace et infiniment moins onéreuse que n'importe quelle campagne publicitaire. Ne risque-t-on pas de tomber dans des méthodes similaires, toutes proportions gardées ? Pour finir, j'aurais une dernière interrogation : Finalement, les vrais indépendants ne sont-ils pas ceux qui balaient la notion de rentabilité (ce qui n'est pas forcément incompatible avec le fait de rendre un jeu payant) ? Je ne pose que des questions, vous pouvez avoir une vision tout à fait différente, je suis loin d'être spécialiste de tout ce système et peut-être que j'enfonce des portes ouvertes, en tout cas je n'ai pas d'avis tranché sur la question et c'est pour ça que votre avis éventuel m'intéresse. _________________ Vous êtes déjà allés à Condate ? Ils ont un petit vin qui à un goût de pierre à catapulte. C'est Toutatis en culotte de velours si j'ose m'exprimer ainsi.
|
| | | Billbis Disciple de la Grande Tasse Bleue
Nombre de messages : 1346
Date d'inscription : 10/05/2012
| Sujet: Re: Qui sont vraiment les "indépendants" ? Lun 10 Mar 2014 - 17:14 | |
| Je n'ai pas regardé la vidéo, mais je me permet de réagir quand même. Mon opinion, qui n'est que la mienne, est qu'il faut revenir au sens d'origine des termes, sans (trop) s’embarrasser de leurs connotations actuelles pour y voir plus clair. Parmi les développeurs de jeux vidéos, il y a les développeurs professionnels (dont c'est le métiers, et / ou qui gagnent leur vie avec), et les développeurs amateurs (qui font ça sur leur temps libre, mais qui vivent d'autre chose ou qui sont encore étudiants). Parmi les développeur professionnels, il y a ceux dont le studio est rattaché à un éditeur (définitivement : studio d'éditeur, ou provisoirement : studio sous contrat pour un ou quelques jeux), qui travaillent sur commande et ceux dont le studio n'est pas actuellement rattaché à un éditeur : les indépendants. Il existe quelques gros studio à succès non rattaché à un éditeur mais dont la taille, la trésorerie et les méthodes de travailles sont identiques aux studios à éditeurs ; on peut plus ou moins légitimement les exclure des indépendant stricto-sensu. Le but des studios indépendants, en tant que studios professionnels, est d'être rentable. Cependant, contrairement à un studio lié à un éditeur, qui travaillent sur commande, les indépendants sont libre de travailler sur les projets qui leurs plaisent. Ils peuvent donc être vu comme plus novateurs car moins contraints (mais ça ce discute, la contrainte n'étant pas un frein à l'innovation). Les indépendants sont cependant entourés d'une aura positive, à la fois en référence aux scènes indépendantes d'autres domaines (rock, etc.) et à certains succès issu de cette scéne ( Minecraft, World of Goo, etc.). D'où la phrase de valoulef : - valoulef a écrit:
- Finalement, les vrais indépendants ne sont-ils pas ceux qui balaient la notion de rentabilité ?
A mon sens, non. Les indépendants, en tant que professionnels, se doivent d'être rentable. Ceux qui ce contrefichent de la rentabilité sont soit les riches mécènes, soit les amateurs. Mais la confusion est entretenue par le faît que de nombreux indépendants ont commencé comme amateur, et au vu du succès de leur projet, on sauté le pas et son devenus professionnels. En se professionnalisant et en grossissant, les responsables de ces nouveaux studios indépendants ex-amateurs, doivent viser la rentabilité, ne serai-ce que par respect envers les nouvelles personnes recrutées, qui méritent salaire. |
| | | Kitai Délégué de la tasse bleue
Nombre de messages : 2907
Date d'inscription : 01/08/2006
| Sujet: Re: Qui sont vraiment les "indépendants" ? Mer 12 Mar 2014 - 22:53 | |
| - Billbis a écrit:
- Mon opinion, qui n'est que la mienne, est qu'il faut revenir au sens d'origine des termes, sans (trop) s’embarrasser de leurs connotations actuelles pour y voir plus clair.
Je suis d'accord avec toi dans la mesure où le travail de défrichement me semble indispensable pour bien comprendre de quoi on parle. En revanche je pense que ce serait passer à côté de quelque chose de substantiel que de dénigrer comment ces mots sont utilisés aujourd'hui, j'ai même l'impression que ce serait manquer le point central de la discussion qu'a initiée valoulef. - Billbis a écrit:
- Les indépendants sont cependant entourés d'une aura positive, à la fois en référence aux scènes indépendantes d'autres domaines (rock, etc.) et à certains succès issu de cette scéne (Minecraft, World of Goo, etc.). D'où la phrase de valoulef :
- valoulef a écrit:
- Finalement, les vrais indépendants ne sont-ils pas ceux qui balaient la notion de rentabilité ?
Je ne comprends pas le "d'où la phrase de valoulef" : les exemples que tu donnes ne sont pas des exemples qui balaient la notion de rentabilité. Je pense que c'est surtout aux questions suivantes qu'il faut chercher à répondre : - valoulef a écrit:
- Mais qu'appelle-t-on "les indépendants", et surtout, qu'attendons-nous d'eux ? N'est-ce pas de proposer une vraie alternative aux gros studios, non seulement de contenu, mais aussi de démarche ? Ne risquent-ils pas de tomber dans les mêmes travers ?
À mon avis ce n'est pas un hasard si valoulef pose les questions de la désignation et des attentes d'une même foulée : outre la distinction effective rappelée entre les notions de professionnalisme/d'amateurisme d'une part et d'indépendance d'autre part, il y a cet usage du mot "indépendant" qui me semble davantage chercher à cerner un ensemble de valeurs plutôt qu'une réalité statutaire. Et comme tu le fais très bien remarquer Billbis, au-delà de la pure désignation "lexicale" du terme, ce dernier vient avec une connotation généralement positive. Je pense donc que lorsque valoulef pose la question "Qu'attendons-nous des indépendants ?", il pose la question "Quelles valeurs voudrions-nous voir se développer dans le milieu du développement ?" (ouah le jeu de mots de fou !). Il me paraît vraiment éclairant de rappeler cette sorte de distinction dénotation/connotation : dans la mesure où on estime que le terme "indépendants" désigne des professionnels, alors ceux-là sont par définition à la recherche d'une certaine rentabilité. Mais il serait dommage (et à mon avis fallacieux) d'en tirer la conclusion qu'une logique de rentabilité est nécessairement indépassable : ce serait prêter un discours totalement vide de sens (ou bien contradictoire) à ceux qui utilisent le mot "indépendants" en ayant certaines valeurs en tête, et je n'ai pourtant pas l'impression de les entendre dire "J'attends de ce régime gérontocratique qu'il soit dirigé par des jeunes". Je pense aussi que valoulef effleure la notion de décroissance quand il s'attaque à la rentabilité. On pourrait se poser la question de savoir s'il est raisonnable d'attendre de certains développeurs "professionnels" de se contenter d'un bénéfice net proche du nul. Évidemment tout cela nous emmène bien au-delà du domaine des jeux vidéo _________________ Ga is Ga Vous pouvez consulter l' aide d'AGS 3.2 en français et contribuer à la traduction et à l'amélioration si le cœur vous en dit ! |
| | | valoulef Délégué de la tasse bleue
Nombre de messages : 1791
Age : 35
Localisation : Condate
Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Qui sont vraiment les "indépendants" ? Ven 14 Mar 2014 - 20:08 | |
| Merci pour ces réponses. Bon, Kitai tu dois être plus éclairé que moi là dessus, mais à mon avis la distinction dénotation/connotation n'est pas si nette : les mots évoluent en fonction du sens qu'on leur donne. Je veux dire par là qu'il convient de revenir à la définition du terme, mais aussi de le replacer dans le contexte qui nous intéresse (c'est plus ou moins ce que tu disais). - Le Petit Robert a écrit:
- INDÉPENDANT, ANTE adj. - 1584 :
I. QUI EST LIBRE - 1) [...] ABSOLT Qui est libre de toute dépendance. Être, se vouloir indépendant. >> libre (cf. "Être son propre maître, n'avoir de compte à rendre à personne). [...] - Artiste, écrivain indépendant, qui crée de manière indépendante, en dehors de toute école (>> dissident, hétérodoxe; non conformiste).
[...] SPÉCIALT Travailleur indépendant : personne non salariée qui exerce sa profession sans être soumise à un employeur. [...] Éditeur, libraire indépendant, qui ne dépend pas d'un groupe financier.
[...] 3) (Personnes) Qui aime l'indépendance, ne veut être soumis à personne. >> individualiste, non-conformiste; indocile. Il est indépendant et ne veut en faire qu'à sa tête, qu'à sa volonté; - Caractère, esprit indépendant. La première définition de Billibis se rapproche celle de la non-soumission à un employeur : en l'occurrence il s'agit d'un studio non-soumis à un éditeur. Cependant Billbis constate que certains "gros studios", non-soumis à un éditeur, ne peuvent pas vraiment être qualifiés d'indépendants, car leur "taille", leur "trésorerie" et leurs "méthodes de travail" sont "identiques aux studios à éditeurs". On a donc une définition qui passe de l' indépendance à une entité supérieure à un contexte de création. Kitai se rapproche un peu de cette deuxième définition en ramenant la notion d'indépendance à des valeurs plutôt qu'à un statut. En résumé, je proposerais 3 définitions qui s'emboitent un peu comme des poupées russes : - Indépendance vis-à-vis de certaines structures qui font autorité (grands groupes financiers). - Non-soumission à une entité supérieure. - Indépendance vis-à-vis de tout aspect matériel (création désintéressée). A priori, la deuxième définition inclut la première, et la troisième inclut les deux autres. C'est pour ça que j'ai tendance à penser que la troisième est la plus complète. Pourquoi cette troisième proposition ? Eh bien on a vu que la notion d'indépendance se rapproche d'une autre notion, celle de la liberté. À mon avis, une création est libre si elle vaut pour elle-même : une dépendance matérielle (financière) obligera le créateur à faire d'autres choix que ses choix artistique, pour s'adapter à la demande. On touche ici à un seuil d'indépendance extrême. Mais évidemment, du coup, on ne peut pas dire qu'il y ait deux catégories bien définies, les indépendants et les autres. On pourrait plutôt parler de degré d'indépendance, qui pourrait passer par les 3 différents seuils que j'ai proposé. On pourrait alors dire que Inversion de Kitai est au degré maximal de l'indépendance : en effet, ce dernier affirme carrément qu'il ne pense pas vraiment aux joueurs, mais simplement à ce qu'il veut créer. Pour revenir au reportage de JV.com, le problème qu'il met involontairement en évidence est qu'on parle des indépendants en se focalisant uniquement sur des structures, et pas assez sur des démarches. Pourtant, si le terme est connoté positivement, c'est certainement que la démarche de création est un critère sous-jacent pour qualifier des créateurs "d'indépendants". _________________ Vous êtes déjà allés à Condate ? Ils ont un petit vin qui à un goût de pierre à catapulte. C'est Toutatis en culotte de velours si j'ose m'exprimer ainsi.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Qui sont vraiment les "indépendants" ? | |
| |
| | | | Qui sont vraiment les "indépendants" ? | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |